Cette grande pièce pour pipa jouit d'une popularité qui remonte à la deuxième moitié de la dynastie Ming. Dans son ouvrage Sizhaotang ji (Collections de Sizhaotang), Wang Xianding (1598-1662), contemporain des Ming, consacre à Tang Yingzeng un chapitre entier, qu'il intitule Tangpipa zhuan (Le joueur de pipa Tang), où il relate en détail l'exécution de l'oeuvre pour pipa, Chu han, par ce musicien. Chu han est présumé etre la version originelle de Shimian maifu. La notation de cette oeuvre parut pour la première fois dans pipa pu (Notations de pipa) de Hua Qiuping. On relève dans les différentes éditions de ce morceau des divergences quant aux subdivisions et aux sous-titres de la musique ; celle-ci comprend toutefois généralement 18 parties, dont "Le montage des camps", "Fanfare et tambours", "Attribution des taches aux officiers", "Escarmouche sur la colline de Jiming", "La bataille de la colline de Jiuli", "La défaite du roi Xiang Yu", "Suicide sur la rivière Wu", "Annonce de la victoire", "Les officiers se disputent les mérites" et "Retour triomphal au camp".
Shimian maifu est essentiellement un panégyrique du vainqueur de la guerre entre Chu et Han-Liu Bang, fondateur de la dynastie des Han. Au début du morceau, le pipa imite le roulement puissant et martial des tambours, dans l'aigu, puis à l'aide de modulations et de transitions, il produit une tension dramatique. L'imitation des bruits caractéristiques des champs de bataille de jadis - clairons, canons, chevaux - évoque de façon très vivantes le spectacle grandiose des charges de cavalerie dans un océan de bannières, accompagnées par le roulement des tambours, suggestifs de la puissante armée Han. L'œuvre a pour moments forts "Embuscade", "Escarmouche sur la colline de Jiming" et "La bataille de la colline de Jiuli" ; grâce aux techniques uniques et caractéristiques du pipa, et au rythme très flexible, la musique brosse un tableau imposant et cohérent des guerres d'antan.
Item : Shimian maifu U02
