Musique de la Toundra et de la Taïga : URSS Bouriates Yakoutes et Toungouses
Depositor / contributor
Maison des Cultures du Monde
Document status
Published
Description
La toundra (steppe) et la taïga (forêt) couvrent les immenses territoires de la Sibérie, de la Mer Blanche à la Mer du Japon et de la Yakoutie aux confins du cercle polaire arctique. Sur cette terre qui peut geler jusqu'à douze mètres de profondeur (permafrost), vivent des hommes conscients des forces insensées d'une nature qui peut les broyer à chaque instant. Avec leurs chants, leurs tambours et leurs instruments, ils défient le vent, le froid et le tonnerre. Ce disque présente les trois branches de la famille altaïque : la branche turque avec son rameau le plus nordique, les Yajoutes, la branche mongole avec les Bouriates et la branche toungouso-mandchoue avec trois groupes de la région du fleuve Amour : les Nanaï, les Üdegeï et les Oultch. Il présente également deux groupes appartenant à la famille linguistique des Samoyèdes : les Nenets ou Nentses et les Nganasan. Les Yakoutes et les Bouriates (respectivement 328 000 et 353 000, au recensement de 1979) ont hérité de leurs contacts étroits et répétés un certain nombre de points communs. Originaires de l'ouest du Lac Baïkal, les Yakoutes auraient poussé leurs immenses troupeaux vers le nord jusqu'à l'actuelle plaine yakoute. Leurs épopées retracent les longues randonnées le long de la Léna. Eleveurs de gros bétail (bovins et chevaux), anciens nomades plus ou moins sédentarisés, Yakoutes et Bouriates pratiquent toujours la chasse avec ferveur car elle conserve à leurs yeux ses valeurs viriles. Ils gardent également un vif sens de l'ordre clanique, qui se manifeste par un sentiment de solidarité et d'hospitalité (comme en témoignent par exemple les innombrables invités aux mariages). Leur art épique est particulièrement développé ; l'exécution de l'épopée, soumise à diverses contraintes (interdit l'été et le jour) servait autrefois des fins rituelles ; elle était indispensable avant la chasse (la grande majorité des épopées bouriates raconte la quête de la fiancée, considérée comme la plus dure des chasses du héros). Sont également communes à deux cultures, les rondes (ieekker en bouriate, osuokhaj en yakoute) où alternent, d'une part rythme traînant et rythme brutalement accéléré entrecoupé de bonds, d'autre part couplets improvisés en solo et refrains en choeur. Censées imiter la course des rennes, ces danses suivaient jadis les grandes fêtes printanières et estivales (rituels d'animation du tambour de chamane, d'obtention du gibier, de mariage).
Le terme de Toungouse regroupe un ensemble de petites ethnies linguistiquement apparentées, mais très dispersées et dont le nombre total en URSS atteignait 56 900 en 1979 (certaines vivant en Chine. Le premier grand ensemble est formé par les Evenk et les Even ou Lamoutes, tous chasseurs et éleveurs de rennes. Le deuxième ensemble, plus ramassé et plus homogène, est constitué par les petits peuples de la région de l'Amour, Nanaï ou Gold (10 500), Oultch (2 600), Üdegeï (1 600) et Negidal, Orotch et Orok, tous chasseurs et pêcheurs vivant en petites collectivités sédentarisées. Les Nganasan de la péninsule du Taymir représentent la population la plus septentrionale de l'URSS.
Chasseurs, pêcheurs, éleveurs de rennes, ils vivent en petites communautés qui ne tiennent pas véritablement compte de la partition clanique patrilinéaire. Leur religion se base sur un ensemble de croyances animistes qui s'appliquent non seulement aux éléments naturels, mais aussi aux objets issus de la main de l'homme. Comme la majeure partie des populations sibériennes, le chamanisme occupe une place majeure dans le système rituel des Nganasan. Homme ou femme, le chamane est élu par les esprits. Cette élection se traduit par un appel, une initiation donnée par les esprits, mais qui doit être doublé d'un solide apprentissage auprès d'un professionnel. Une fois formé, le chamane subit une investiture officielle dont l'élément central est l'animation du tambour, seul instrument de musique connu des Nagansan et exclusivement réservé à cet usage. L'activité du chamane est centrée sur les âmes humaines et animales et sur les esprits. Chargé de guider et de conseiller les âmes, le chamane agit également sur les forces supra-naturelles susceptibles de représenter un danger pour la communauté. Pour cela, il doit être non seulement capable de se les incorporer, mais également d'extérioriser sa propre âme pour la faire voyager. Contrairement aux phénomènes de possession où la passivité du possédé livré aux dieux et aux esprits est contrôlée par un ritualiste, le chamanisme fait ressortir la double activité du chamane qui tout en conservant un contrôle total du rituel et de lui-même, parvient à manipuler les esprits en un constant va-et-vient adociste et exorciste.
Les Nenets forment le groupe le plus important de la famille linguistique des Samoyèdes. Leur territoire, couvert par la toundra et la taïga, s'étend au nord-ouest de la Sibérie, englobant la péninsule de Kanin et les côtes des mers de Barents et de Kara. Semi-nomades, ils tirent leur subsistance de la chasse, de la pêche et de l'élevage du renne dont ils suivent les transhumances. Leur organisation sociale est basée sur un système patrilinéaire et classificatoire qui commande le regroupement par clans des individus, de la propriété des terrains de chasse, de pêche et d'élevage, ainsi que des lieux de sacrifices.
La cosmogonie nenets attribue la création du monde et des vivants à un dieu suprême ; elle comprend aussi un nombre important de divinités secondaires et d'esprits qui sont invoqués directement grâce à des sacrifices ou par l'intermédiaire des chamanes, élus spirituels de ces divinités.
Réédition augmentée (sur le même support, voir note*)
Copies
Première édition en CD, Ø 12 cm, Stéréo, cote CNRSMH_E_1987_012_012 conservé au Crem.
Comments
Collection dirigée par Françoise Gründ. Textes de Françoise Gründ et Pierre Bois. Traduction anglaise de Joséphine de Linde. Prise de son et enregistrement numérique réalisés à la Maison des Cultures du Monde par Pierre Simonin en janvier 1987 et février 1990. En couverture, dessin original de Françoise Gründ. Photographies, Jean-Paul Dumontier DR/MCM. Montage, Translab. Réalisation, groupe media international.
Record writer
Monique Desprez ; Pribislav Pitoeff
Last modification
Dec. 2, 2015, 5:53 p.m.
Archiver notes
J. Saadoune, 2022 : Description et métadonnées complétées dans la collection et les items depuis les informations recueillies sur le livret du disque.