L'histoire des chants religieux juifs est aussi ancienne que celle de la civilisation de ce peuple. Les Juifs émigrant fréquemment, plusieurs styles de représentation musicale se développent au cours des siècles, à l'intérieur comme à l'extérieur de la synagogue. Trois traditions principales de chants religieux déterminent, par conséquent trois traditions régionales : la Yéménite, la Sépharade et l'Ashkénaze. Elles se distinguent considérablement par les textes des prières et par la musique liturgique. La tradition ashkénaze étant celle des Juifs européens, les traditions yéménite et sépharade caractérisent le chant synagogal du Yémen, du Proche-Orient, de l'Afrique du Nord et d'autres pays méditerranéens. A côté de ces trois traditions d'origine (les minhagim), la musique vocale de synagogue comprend des psalmodies, des chants responsoriels du Livre Saint, des cantilations et des hymnes, appelés piyyutim.
La tradition orale yéménite n'est pas seulement considérée comme la plus ancienne, mais aussi comme la plus pure. Beaucoup de Juifs palestiniens immigrent au Yémen et s'installent au sud de la péninsule arabique. Ainsi isolés des autres communautés juives et chrétiennes d'Orient, ils savent protéger leur ancienne liturgie contre des éléments étrangers. Des sources juives des XIIe et XIIIe siècles trouvées au Yémen, prouvent l'authenticité des textes liturgiques gardés intacts dès cette époque par les Juifs de la région.
La musique synagogale contient un style de prière dont les textes ne proviennent pas du judaïsme mais de formes poétiques des églises syriaque et byzantine et de la métrique arabe. Les piyyutim (du grec poiestes : poète), prières chantées, imitées dès le VIe siècle, sont des hymnes versifiés ou de la poésie religieuse. Elles se sont intégrées dans la liturgie juive à l'époque où apparut le personnage du chantre, le Hazan, chanteur, musicien et poète professionnel, remplaçant le prieur séculier honorifique. Le personnage du Hazan n'apparaît qu'au VIe siècle. La poésie religieuse ou hymnodie, reste la création propre à chaque Hazan. C'est dans ce chant religieux en solo (Hazanout) que la prière s'exprime. Au cours de l'histoire, la structure musicale et la conduite de la voix des Hazanout ont été influencées par la culture musicale du pays d'accueil des Juifs.
Après la destruction du temple de Jérusalem (en 70 ap. J.-C.), la musique instrumentale est interdite à la synagogue, en signe de deuil de la perte du temple. Néanmoins, l'existence de musiciens dans la synagogue de Baghdad est prouvée dès le XIIe siècle aussi bien que des expérimentations d'orgue dans celle de Prague au XVIIe siècle. En dehors du cadre synagogal, des musiciens sont toujours engagés pour les mariages et d'autres fêtes, par exemple la bar mitzva (fils du commandement).
Collection dirigée par Françoise Gründ. Prise de son et enregistrement réalisés par Pierre Simonin au cours des concerts donnés à la Maison des Cultures du Monde au mois de juin 1986. Textes de Habib Hassan Touma. Traduction anglaise de Joséphine de Linde. Traduction en français par Susanne FürniB. La réalisation artistique de ces concerts a été assurée par Yosef Ben Israel et leur supervision musicologique par Simha Arom.
Montage : Translab. Direction : Chéri Khaznadar.
Record writer
Desprez, Monique
Last modification
Dec. 29, 2022, 8:37 p.m.
Archiver notes
J. Saadoune, 2022 : Description et métadonnées complétées dans la collection et les items depuis les informations recueillies sur le livret du disque.