item Item : Man Kountou Mawla Ali Mawla : Chant de louanges à Dieu A01

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Value
identifier 
http://archives.crem-cnrs.fr/items/15642
identifier 
CNRSMH_E_1986_016_012_001
type 
Sound
title 
Man Kountou Mawla Ali Mawla : Chant de louanges à Dieu
creator 
Fogger, Marcel (ingénieur du son)
contributor 
contributor 
A Voir (V/90)
subject 
Ethnomusicology
subject 
Research
descriptionabstract
Raga : Bhùpàli. Tala : Teental (16 temps). Poème de Amir Khousrou (XIIIe siècle) chanté en arabe et en persan déformés. Le Kawwali est un genre musical particulier à l'Inde et au Pakistan, issu du Sama' arabe et de la musique classique hindoustani. Sama' signifie l'écoute, l'écoute d'un concert spirituel. Les Soufi-s, mystiques musulmans, utilisent la musique comme l'un des moyens les plus puissants d'ascèse spirituelle de l'homme, le menant du monde des formes à celui de l'esprit où peines et douleurs sont transformées en joie et extase. La musique l'aide à découvrir les secrets enfouis au fond de lui-même, à se connaître et à connaître Dieu. Jalal el Din Roumi disait : "Sama' est l'ornement de l'esprit qui aide à découvrir l'amour, à sentir l'émotion d'une rencontre, à enlever le voile et à être en présence de Dieu." Lorsque Khawadja Mouinouddin Chishti (1141-1236) est arrivé en Inde, et s'est établi à Ajmer, il a découvert la musique hindoustani qui occupait dans la vie sociale et religieuse de ce pays une place de choix. Le Kirtan, musique dévotionnelle, était joué pour presque toutes les cérémonies et dans les congrégations. Les soufi-s se laissèrent influencer par cette musique qui, associée au sama' donna le kawwali qu'ils interpréteraient dans les khaneqah, lieux de rassemblement des pélerins autour de leur murched (guide) pour des rituels mystiques. Mouinouddin Chishti établit son ordre en 1190. Mais, c'est en fait Amir Khousrou, poète, historien, linguiste musicien et disciple passionné de Nizamouddin Aouliya, lui-même membre de l'ordre chishtiya qui, dans la seconde moitié du treizième siècle donna au kawwali sa forme définitive. Amir Khousrou put, au cours de ses nombreux voyages à travers l'Inde, découvrir des traditions et des peuples multiples, sa poésie et sa musique en furent grandement influencées. Sa connaissance profonde de la poésie mystique persane lui permit de développer le kawl qui faisait partie des pratiques soufi-s en Irak et d'y ajouter un contenu lyrique pour, ensuite, l'enrichir d'une forme spontanée et passionnée de poésie musicale : le ghazal. Il fit coïncider mélodie et rythme avec sentiment et atmosphère. Il utilisa des éléments persans et indiens, y compris des airs populaires pour composer des kawwali qui sont restés, depuis, les plus parfaits du genre et qui se prêtent à une interprétation ésotérique et en même temps ésotérique. Tous les kawwal le reconnaissent comme leur maître et les plus authentiques parmi eux sont des professionnels qui se sont transmis, par hérédité, cette forme de chant et d'interprétation. Le kawwali est chanté afin de provoquer un état de dévotion extatique. Il est interprété en persan, arabe ou ourdou et son thème est toujours un amour mystique ou la louange de Dieu, de Mohammed et des saints soufi-s. Si la musique, en Orient, peut être considérée comme un acte de méditation, dans le kawwali, elle devient un acte d'union extatique de l'âme humaine avec le Dieu adoré. Le kawwali était chanté, à l'origine, sans accompagnement musical autre que les battements de mains. Ce n'est que plus tard que des instruments comme le dholak, le tabla et le saranji s'y ajoutèrent et enfin, récemment, au dix-neuxième siècle, l'harmonium. Le kawwali commence par une série d'actions de grâce (puja) tout d'abord un chant de louange à Dieu, puis au prophète Mohammed, puis à Ali, puis aux saints soufi-s. Le kawwali doit se soumettre à des obligations de zamane, makane et ikhouane. Zamane (temps en arabe) : il doit être chanté à des moments qui n'interfèrent pas avec ceux des cinq prières ; Makane (lieu en arabe) dans un espace purifié et retiré ; Ikhouane (frères en arabe) et parmi des personnes aux pensées pures. Une représentation de kawwali passe par trois degrés ou étapes (Madarej). La première est celle du Kaifiyate : le chant crée une atmosphère sainte qui aide le public à se détacher du monde environnant. La seconde, celle du ouajd : état d'abandon au cours duquel l'artiste et son public se fondent en une unité. C'est à partir de cette étape que le kawwali atteint sa troisième et ultime phase, celle de l'extase ou hàl, la transe ou fusion totale et sens de l'unité avec le divin. Lorsqu'un kawwali atteint cette intensité, les participants s'arrachent leurs vêtements, se frappent la tête contre le sol, dansent sur le rythme du kawwal. Seuls de rares privilégiés atteignent le summum : l'union avec le Divin. Il est dit que l'un des saints du soufisme Khwaja Koutbouddin Bakhtiar Kaki, disciple du fondateur de l'ordre de Khawaja Mouinddin Chishti est resté en transe pendant quatre jours en écoutant le kawwal dire : "Qu'est-ce que la musique ? Pourquoi est-elle enchanteresse ? La musique est le secret de l'amour et l'amour est le secret de Dieu". Après cinq jours d'une autre transe, il est mort au monastère du Cheikh Ali Sijistani à Delhi pour avoir entendu un kawwal chanter le célèbre couplet persan de Cheikh Ahmed Jam : "Une nouvelle vie attend à chaque instant les victimes de l'épée de l'amour divin". Le kawwali est chanté par un groupe composé d'un soliste et d'un choeur. Il se distingue par l'alternance entre des passages lents et rapides dans lesquels le chanteur utilise toute l'amplitude de son échelle vocale et les refrains bien ponctués du choeur qui met en évidence les mots importants du texte et font monter la tension jusqu'à l'état d'extase. Le rythme du kawwali est dominé par le mètre poétique. L'improvisation y trouve une place importante dans la mesure où ce mètre poétique est présent, soit à travers la déclamation où le ryhtme est surimposé à celui des percussions, soit dans un style régulier où les cycles du mètre poétique coïncident avec le cycle des percussion. Les mots du texte sont dits avec emphase non seulement parce qu'ils possèdent une fonction religieuse mais également en raison de la suprématie qu'accorde la croyance islamique au verbe comme base de toute communication religieuse. Le kawwal peut répéter un couplet ou un mot plusieurs fois, aussi longtemps que l'atmosphère du public le permet. Avec le chant et les battements de mains, les mouvements du corps aident également à exprimer le contenu de la poésie, faisant ainsi du kawwali une forme d'expression totale. Amir Khousrou dansait même le kawwali les mains levées vers le ciel, son apôtre Nizamouddin Aouliya le lui reprocha et lui conseilla de danser les mains fermées et tournées vers le sol car "tu es toujours en contact avec le monde, lorsque tu vas vers la cour du Roi". Ainsi une forme d'expression artistique est avec le kawwali également un acte de dévotion, d'adoration et surtout de libération mystique. Le kawwal est chanté tout au long de l'année par les soufi-s mais plus particulièrement aux ours, cérémonies commémoratives de la mort d'un saint soufi. C'est l'occasion de célébrer le jour où le saint a été uni à Dieu. Les anniversaires de la mort de Mouinouddin Chishti et de Nizamouddin Aouliya provoquent le rassemblement de milliers de pélerins autour de leur mausolée et les rites islamiques qui y sont pratiqués sont teintés d'hindouisme. Des pétales de rose, de l'encens et des pâtisseries à base de cardamone servent d'offrandes. Les pélerins exécutent leurs cinq prières quotidiennes et tournent autour du mausolée. La nuit tombée, les kawwal mènent la foule à l'extase jusqu'au levé du jour. (Chérif Khaznadar, d'après les notes du Sangeet Natak Akademy).
publisher 
Inédit, Maison des Cultures du Monde, Paris
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CREM-CNRS
datecreated
1985-06-17T00:00:00Z
dateissued
1985-01-01T00:00:00Z
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Inde
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Asie méridionale
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Asie
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Uttar Pradesh
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00:17:20
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Disque 33 t (3S) ; Ø 30 cm
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http://archives.crem-cnrs.fr/collections/3748