Corpus : Jérôme Cler, enregistrements réalisés en Turquie de 1991 à 2022 |
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- Title
- Jérôme Cler, enregistrements réalisés en Turquie de 1991 à 2022
- Description
- Sud-Ouest de la Turquie, dans les montagnes du Taurus occidental, ancienne Lycie.
1. Sociétés d'ascendance semi-nomade, sédentarisés au début du 20è siècle dans leurs anciennes estives (yayla), sunnites : les musiques enregistrées, jouées dans les fêtes de mariage, étaient aussi les reflets et souvenirs d'une vie pastorale perdue.
2. Un village organisée selon la "règle" confrérique bektachie, de credo chi'ite, avec une intense vie rituelle (Tekke Köyü).
3. Une excursion dans les régions d'Anatolie centrale, à Turhal, département de Tokat, où ont été enregistrés un rituel de cem (djem) alévi, et les ashık des villages, par ailleurs officiants du rituel. Villages d'Ormanözü et d'Ulutepe, Turhal (Tokat). - Code
- CNRSMH_Cler_001
- Recording year (from)
- 1991
- Recording year (until)
- 2022
- Total available duration
- 27:06:12
- Fonds
- Fonds Jérôme Cler
Collections
Title | Digitized | Description | Code |
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Turquie : musiques des Yayla | CNRSMH_E_1994_018_003 | ||
Musiques de Turquie [Disque encarté] | CNRSMH_E_2014_017_001 | ||
Yayla : Musique et musiciens de villages en Turquie méridionale | Enregistrements sonores effectués par Jérôme Cler entre 1991 et 2001. | CNRSMH_E_2016_038_001 | |
Turquie région du sud-Ouest 1991 | CNRSMH_I_1992_004 | ||
Musique et musiciens de villages en Turquie méridionale (région d'Acipayam et Cameli, Denizli) [Exemple pour thèse] | CNRSMH_I_1997_020 | ||
"Musiques des yayla" régions d'Acıpayam, Çameli, province de Denizli (1991-2018) | CNRSMH_I_2024_001 | ||
Turquie (sud-ouest) - Régions de Denizli-Acıpayam, Fethiye et Çameli (1991-2018). |
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Enregistrements réalisés dans des communautés dites "yörük" (= ceux qui marchent, populations d'ascendance nomade ou semi-nomade), généralement turcic. Les villages sont souvent construits dans les anciens yayla, estives. La caractéristique remarquable de ces musiques est leur caractère formulaire et répétitif, sur un rythme boiteux aksak en 4 temps 1/2, soit 9/8=2+2+2+3. Ces airs à danser sont appelés kırık "brisés", par opposition aux "airs longs" uzun hava, non-mesurés et mélismatiques. Enfin, un des grands répertoires est celui des zeybek, toujours à 9 temps, mais lents (et organisés 3+2+2+2 ou 2+2+2+3) | CNRSMH_I_2024_002 |
Village de Tekke Köyü (Abdal Musa) : rituels bektachis (1997-2022) |
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Le village de Teke Köyü (Elmalı, Antalya, Turquie) est organisé d'après les règles de la confrérie bektachie, minorité de credo chi'ite, mais fort hétérodoxe (consommation rituelle d'alcool, entre autres). Pendant l'hiver agricole (novembre-mars), les rituels de l'unité (birlik, cem/djem) se succèdent, car chaque fidèle de la communauté est redevable d'un djem pour ses confrères. Quant à l'initiation, c'est toujours celle d'un couple marié, et donc on entre dans l'ordre plutôt à la trentaine, et les rituels sont toujours mixtes. La communauté bektachie a été largement persécutée, et leurs rituels restent secrets, dans une maison qui ressemble à toutes les autres, la nuit. Les musiciens officiants du rituel sont au nombre de quatre à une dizaine environ, dont deux ou trois joueurs de saz. Dans le passé, le violon était également présent, et nous eûmes la chance d'enregistrer deux rituels où sont venus officier des violonistes âgés. Le rituel comporte des parties fixes : l'hymne initiale aux douze imams, et le babalar semahı à l'ouverture du cem, le semah des quarante à la fin du sofra, et le semah du gözcü,pour finir. A chqaue fois il s'agit de longs poèmes en distiques chantés et dansés par deux couples : d'autres semah sont parfois ajouter toujours pour obtenir un total de 3). Tout le reste du rituel, les hymnes nefes, appelés parfois" oturak", assis, que nous traduisons par cathismes, sont des chants à écouter assis, pendant le repas rituel, tout en buvant le dem. Ces poèmes sont puisés dans un vaste répertoire s'étendant sur cinq siècles. Les musiciens les recopient sur des cahiers en les classant par thèmes : les semah, le "dem" / nectar (moment de la boisson rituelle), "Kerbelâ" la mémoire du martyre de l'imam Hüseyin, etc. Petit lexique : semah est le nom d'une danse, comme dans d'autres groupes soufis, et son étymologie est l'audition/l'écoute mystique. dem : un mot qui signifie le souffle ou le sang, selon l'étymologie persane ou arabe, et qui désigne ici l'alcool (rakı) consommé rituellement, dès le début du sofra/repas. Sofra est le nom de la "table" (un grand plateau sur de petits tréteaux, pour quatre ou cinq personnes. : pendant le moment du repas, la salle est remplie d'une dizaine de sofra. Gözcü : un des douze "offices" qui constituent les piliers du rituel. Le baba est l'office le plus important, il représente Ali. le gözcü, littralement le voyant, celui qui veille/surveille que tout est en ordre. les musiciens sont sous la responsabilité d'un chef, le güvende baba, etc. Les Quarante : il s'agit d'une mystérieuse assemblée céleste qui initie le prophète selon le récit alévi-bektachi de son voyage céleste, et avec qui ce dernier danse le semah, s'enivrant tous d'un seul raisin pressé. Nefes (=souffle) est le nom donné aux hymnes chez les bektachis. Le rituel du saki, à la fin du cem : le saki (un des douze offices, celui d'échanson, responsable de tout ce qui se boit), donne à boire à chacun, en faisant le tour de l'assemblée, de l'eau où est mise un peu de terre de Kerbelâ : en souvenir de la soif de l'imam Hüseyin. Le talip, c'est le simple membre d'un groupe. Le village compte deux maisons de cem, la "maison-mère" où nous trouvons Ismet Baba et son groupe de talip, et la deuxième maison de cem, celle où j'assistais aux cem de Kâzım baba, et de Muzaffer Görgülü, officiant musicien. The village of Teke Köyü (Elmalı, Antalya, Turkey) is organized according to the rules of the Bektashi order, a minority with a Shi'ite creed, but quite heterodox (ritual consumption of alcohol, among other things). During the agricultural winter (November-March), the rituals of unity (birlik, cem/djem) follow one another, as each member of the community is obliged to perform a djem for his or her fellow members. As for initiation, it's always that of a married couple, so that the talip enters the order in his thirties, and the rituals are always mixed. The Bektachie community has been largely persecuted, and their rituals remain secret, in a house that looks like any other, at night. Ritual musicians number from four to around ten, including two or three saz players. In the past, the violin was also present, and we were lucky enough to record two rituals in which elderly violinists came to officiate. The ritual has fixed parts: the initial hymn to the twelve imams, and the babalar semahı at the opening of the cem, the semah of the forty at the end of the sofra, and the semah of the gözcü, to finish the cem. Each time these are long poems in distichs sung and danced by two couples: other semahs are sometimes added (always to obtain a total of 3). Throughout the rest of the ritual, the nefes, hymns, sometimes called "oturak", which we translate as cathisms, are songs to be listened to while sitting down to the ritual meal, while drinking the dem. These poems are drawn from a vast repertoire spanning five centuries. Musicians write them down in notebooks, classifying them by theme: semah, "dem" / nectar (ritual drinking moment), "Kerbelâ" the memory of the martyrdom of Imam Hüseyin, etc. Small lexicon: semah is the name of a dance, as in other Sufi groups, and its etymology is mystical hearing/listening. dem: a word meaning breath or blood, according to Persian or Arabic etymology, and here designating the alcohol (rakı) ritually consumed, from the start of the sofra/meal. Sofra is the name of the "table" (a large tray on small trestles, for four or five people. Sofra: during the meal, the room is filled with about ten sofra. Gözcü: one of the twelve "services" that form the pillars of the ritual. The baba is the most important office, representing Ali. The gözcü, literally the "seeer", the one who watches over everything ; the musicians are under the responsibility of a conductor, the güvende baba, and so on. The Forty: a mysterious celestial assembly who initiate the prophet according to the Alevi-Bektachi account of his celestial journey, and with whom the latter dances the semah, all of them intoxicated by a single pressed grape. Nefes (=breath) is the name given to hymns by the Bektachi. The saki ritual, at the end of the cem: the saki (one of the twelve offices, that of cupbearer, responsible for everything that is drunk), as he goes around the assembly, gives everyone water to drink, with a little Kerbelâ earth added: in memory of Imam Hüseyin's thirst. The talip is a simple member of a group. The village has two cem houses, the "mother house" where we find Ismet Baba and his talip group, and the second cem house, where I used to attend the cem of Kâzım baba and Muzaffer Görgülü, officiating musician. | CNRSMH_I_2024_003 |