"Qui sont les Juifs d'Ethiopie : les descendants d'une des tributs hébraïques disparues après la destruction du Premier Temple ou des immigrants juifs venus du Yémen ou d'Egypte ? S'installèrent-ils en Ethiopie au moment de l'exode - 13 siècles avant J.-C. ; à la période du Premier Temple, à celle du Second, ou plus tard ? Leurs ancêtres auraient-ils été plutôt les Ethiopiens de souche, chrétiens ou païens, qui se seraient ensuite convertis au judaïsme ?
Les sources sur les Juifs d'Ethiopie - qui se dénomment eux-même Beta Israël - n'acquérant un véritable caractère historique qu'à partir du XIVe siècle, la documentation antérieure est faite d'une série de récits au caractère partiellement légendaire. Aucun de permet de trancher quant à l'une ou l'autre des origines possibles.
Les chroniques éthiopiennes du XIVe et des siècles suivants se font un large écho de conflits armés, longs et répétés, qui opposent les rois chrétiens d'Ethiopie à différents groupes religieux ou ethniques, un temps indépendants, dont les Beta Israël qui, au XVe siècle, perdent définitivement leur droit à la terre - parce qu'ils refusent de se convertir au christianisme -, et deviennent artisans.
Le développement d'un ordre monastique, chez les Beta Israël, suit une tendance également observée chez les Ethiopiens chrétiens. Cette évolution parallèle voit la littérature religieuse des Beta Israël intégrer massivement des éléments liturgiques d'origines chrétienne, intégration qui ne se fait pourtant pas sans une profonde révision des sources chrétiennes.
A côté de la spécialisation économique et de la transformation du cadre religieux, l'identité des Juifs d'Ethiopie connaît, à cette époque, une troisième évolution décisive. Il s'agit des lois de pureté rituelle, par lesquelles les relations avec les étrangers se restreignent énormément, soumises à d'impératifs processus de purification avant tout retour à la communauté.
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le statut politique et social des Beta Israël est très entamé. Leur capacité économique s'amoindrit ainsi que leur attachement religieux.
Le XIXe siècle est marqué, lui, par une intense activité des missionnaires chrétiens. Dans le même temps, la venue répétée de voyageurs juifs et de rabbins réussit à attirer l'attention du judaïsme mondial sur les Beta Israël, sans pour autant faire entrer ces derniers dans le courant juif religieusement majoritaire. Ce n'est que dans la seconde moitié du XXe siècle que les pratiques traditionnelles laissent peu à peu la place au judaïsme rabbinique. Cette assimilation s'accélère pour ceux des Juifs d'Ethiopie qui, dans les dernières décennies sont venus - souvent individuellement - s'établir en Israël, à moins qu'ils ne renoncent alors à tout engagement religieux. C'est l'arrivée massive de plusieurs milliers d'entre eux, en 1985, qui allait conduire de nombreux Juifs d'Ethiopie à se joindre au judaïsme rabbinique pourtant enclin, à ce moment-là, à réévaluer les critères qui l'avaient amené, dans un passé moins récent, à les considérer comme Juifs. Cette venue massive allait par ailleurs permettre de cerner de plus près l'identité religieuse et sociale d'un groupe transplanté, en l'espace de quelques mois, dans un cadre de vie bien différent de celui qu'il connut durant des siècles."
(début de la présentation issue du livret, auteur Simha Arom)
Collection dirigée par Françoise Gründ. Conception et réalisation, Simha Arom et Frank Alvarez-Pereyre. Notice, Frank Alvarez-Pereyre et Simha Arom. Documentation iconographique, Shoshana Ben-Dor, avec l'assistance technique de Efraïm Yaakov. Enregistrements numériques effectués à Jérusalem en 1986 par Avi Nahmias et Simha Arom. Traduction anglaise, Peter Crowe. Photographies, Jean-Marie Steinlein. Montage, Translab. Réalisation, groupe media international. Distribution, Auvidis. Direction, Chérif Khaznadar
Record writer
Desprez, Monique
Last modification
May 18, 2011, 9:47 a.m.
Archiver notes
J. Saadoune, 2022 : Description et métadonnées complétées dans la collection et les items depuis les informations recueillies sur le livret du disque.