Naga est le nom générique des tribus qui habitent les collines Naga qui séparent l'Assam de la Birmanie. Les tribus sont d'origine et de culture diverses. Les nombreuses langues Naga, tonales et à agglutination, appartiennent à la famille tibéto-birmane. Les Naga, animistes à l'origine, christianisés depuis l'occupation britannique, connaissaient différents systèmes politiques : autocratie, gérontocratie ou démocratie. L'exogamie patrilinéaire régissait la vie sociale bien qu'il subsiste des indications de la pré-existence d'un système matrilinéaire, peut-être totémiste et d'une polyandrie léviratique. Des cases communes pour l'initiation des jeunes gens célibataires (Morung) existent encore.
Quelque-unes de tribus Naga (Sema, Chang) pratiquent la polygynie mais la monogamie est plus répandue, le divorce étant facile et fréquent.
Nagaland
Les tribus Naga (quatorze majeures utilisant plus de trente dialectes différents) protégées par leur environnement montagneux pratiquaient, il y a un siècle environ l'esclavage, la chasse aux têtes et le sacrifice humain. Ces pratiques entraînèrent l'occupation graduelle du territoire par des expéditions punitives britanniques. Les collines Naga se trouvèrent au cours des ans séparées par des frontières, de l'Assam et de la Birmanie et sa population interdite de déplacement. En 1963, le Nagaland est proclamé seizième état de l'Union Indienne avec des privilèges particuliers inscrits dans la Constitution de l'Inde, les Naga étant protégés dans leurs pratiques religieuses et sociales, leurs lois et procédures coutumières, l'administration civile, les lois criminelles, la propriété et la transmission de la terre et de ses ressources.
Le Nagaland s'étend sur 16 579 km² de montagnes et vallées dont l'altitude varie entre 914 et 3 048 mètres. La population presque totalement tribale est évaluée à 773 281 personnes. Les tribus communiquent entre elles en utilisant, soit l'anglais, soit le naganais qui est une variante de l'assamais.
Chant et musique
Les occasions de chanter et de danser sont nombreuses au Nagaland. Porteurs d'une littérature orale très riche, les Naga chantent l'histoire de chaque tribu par l'intermédiaire du père, qui le soir s'assied près de la couche de l'enfant et phrase mélodique par phrase mélodique raconte les cycles historiques. L'enfant ponctue chaque phrase par un "hô" chanté sur le même ton que la note finale du chant du père. Lorsque les "hô" cessent de se faire entendre, le père sait que son enfant est endormi. Il reprend le lendemain l'histoire chantée là où il s'était interrompu. Les jeunes gens avant le mariage prennent l'habitude de se rendre régulièrement dans les "Morung" ou maisons de célibataires. Là, ils vivent en communauté et partagent les travaux, la nourriture, les jeux, les danses et les chants. Beaucoup des chants Naga naissent au cours des longues périodes passées dans les "Morung" en particulier, les chants d'amitié, d'amour et les chants initiatiques. Plus tard, au cours de la vie d'adulte, la chasse, la guerre (entre les tribus) motivent la création ou l'exécution de mélodies particulières. En dehors des occasions sociales, la hiérarchie tribale provoque des chants de louange, aux parents, au chef, aux visiteurs de marque.
A côté des chants claniques voisinent les mélodies qui deviennent les supports aux voyages shamanistes. La spécialité des Sema est la polyvocalité aussi bien pour des ensembles d'hommes, des ensembles de femmes que des ensembles mixtes. Les Sema se livrent uniquement à la musique vocale. Ils utilisent de parfaits accords à la tierce et introduisent souvent dans la mélodies des systèmes de réponds et de tuilage. Souvent les chants sont ponctués de cris ou de hululement gutturaux longuement modulés. Les Sema trouvent dans le chant une occasion de se rassembler et de resserrer la cohésion de groupe. En outre, presque tous les travaux s'accompagnent de mélodies appropriées. La danse où hommes et femmes se parent de lourdes parures tintinabulantes ne s'exécute que sur une musique vocale.
Les Zeliang chantent à l'unisson, parfois en petits ensembles, parfois en larges groupes. Ils exécutent aussi des soli, sans accompagnement instrumental. Au cours de leurs chants ils n'utilisent pratiquement pas le mode mineur.
C'est le chef du chant qui marque en même temps les rythmes sur le "N'chum" (tambour à deux peaux de chèvre de montagne, et à fût de bois de "Gamari", frappé par une baguette à bout recourbé). Un second chanteur suit les mêmes tempi avec les "Sing Toi" (ou petites cymbales de cuivre). Les chanteurs se placent en ligne, soit pour exécuter une mélodie, soit pour accompagner la danse. Le "N'Chum", les "Sing Toi" et les voix suivent le même cycle rythmique. La particularité de la musique Zeliang réside dans la progression rythmique. Les chanteurs et les musiciens commencent très lentement puis accélèrent jusqu'à parvenir à une sorte de martellement en saccade des voix et des percussions. Cela provient sans doute de l'origine shamaniste de la musique et de la danse, utilisées par la population locale pour parvenir à l'extase. Cette faculté reste également décelable dans la danse.
Pour préparer l'entrée de chaque nouvelle accélération, le joueur de "N'Chum" "appelle" en frappant la peau du tambour par une série de petits coups rapides.
Les quatorze majeures tribus Naga sont les suivantes : Angami, Ao, Chang, Chaksegang, Khienmungan, Konyak, Kuki, Lhota, Phom, Rengma, Sangtam, Sema, Yimchungr, Zeliangrong.
Des membres des tribus Sema et Zeliang du Nagaland ont été invités en France, en septembre 1985, dans le cadre de l'Année de l'Inde, à l'initiative de la Maison des Cultures du Monde avec le soutien de l'Action Artistique. Ainsi, pour la première fois, étaient présentés, hors de l'Inde, des danses et des chants Naga (du 10 au 21 septembre 1985, au Grand Foyer de l'Opéra de Paris). Ce disque est le premier jamais réalisé sur la musique du Nagaland.
Collection dirigée par Gründ, Françoise. Prise de son, enregistrement numérique : Philippe Giber. Montage : Multi-Techniques. Maquette : B. Flageul. Photo (D.R.) Enregistrement réalisé à la Maison des Cultures du Monde, les 19 et 20 septembre 1985. Direction : Chérif Khaznadar. Edition limitée n°1217/1500 exemplaires numérotés à la main, livrée avec pochette intérieure imprimée.
Record writer
Monique Desprez, 1990
Last modification
Dec. 29, 2022, 8:27 p.m.
Archiver notes
J. Saadoune, 2022 : Description et métadonnées complétées dans la collection et les items depuis les informations recueillies sur le livret du disque.