[Notes de Sophie Coquelin]
Chamarrita Nova
3 luths: bandolim (mandoline), viola da terra et violão (guitare)
Voix chantée, 1 femme solo
Sur les îles de Pico et Faial, on distingue quatre chamarritas, selon la position où on joue sur le manche de la viola da terra, correspondant chacune à une tonalité différente: Chamarrita nova (nouvelle) en Sol M, Chamarrita do meio (du milieu) em Ré M, Chamarrita de cima (du haut) en La m et Chamarrita do caracol (de l’escargot) en Fa m.
La viola da terra est un instrument à cordes pincées qui dérive de la vihuela. Elle est la variante açorienne des nombreuses violas qui existent au Portugal et au Brésil. Sa caisse est en forme de 8 et elle est constituée de 5 jeux de cordes, 3 doubles et 2 triples. La viola da terra peut être jouée rasgada - grattée (rappelant la technique du flamenco ou celle de la chitarra battente) ou ponteada – pointée. Dans l’orchestre qui accompagne une chamarrita, la viola da terra est jouée en mode rasgado et a une fonction essentiellement rythmique; le violão, harmonique; et le bandolim, mélodique. Le violino (violon), absent de cet enregistrement, peut aussi intégrer cet orchestre, partageant la mélodie avec le bandolim et les chanteurs.
Selon les notes de Rouget, il semblerait que cet enregistrement ait eu lieu sur l’île de Pico. Cependant, la chanteuse interpelle un certain Luis do Pico pour chanter avec elle la chamarrita, ce qui nous fait penser que l’enregistrement ait eu lieu sur l’île de Faial. De plus, à l’écoute de cette pièce, un musicien traditionnel de renom sur l’île de Pico associe la technique de jeu du bandolim à celle en vigueur sur l´île de Faial. Cet extrait montre que les couplets de chamarrita peuvent être improvisés sur le moment.
La chamarrita est une danse à commandement, inspirée des contredanses. Elle a été la cible de plusieurs processus de revitalisation depuis le milieu du XXème siècle, sur les îles de Pico et Faial. Elle peut être chantée, jouée aux cordophones, dansée et commandée en même temps.
Mario Ruspoli a introduit deux chamarritas dans le film “Les Hommes de la Baleine” réalisé sur l’île de Faial (1956). Gilbert Rouget apparait dans la fiche technique comme ingénieur son.