Cette pièce appartient au répertoire d'un orchestre de harpes arquées monocordes, le bolonyen, dont les musiciens-chanteurs, ici au nombre d'une dizaine, sont des hommes âgés, cultivateurs, aussi praticiens exclusifs de cette musique. Seuls les villageois fodonon, qui forment l'une des multiples fractions ethniques et linguistiques sénoufo, connaissent et pratiquent ce répertoire. D'exécution funéraire, et presque exclusivement nocturne, il accompagne une série de danses où s'affrontent plusieurs masquent de même type stylistique. Le bolonyen occupe dans les funérailles une place de choix. Ce nom (litt. les gens de la calebasse) désigne un ensemble funéraire composé de harpes arquées monocordes et de hochets-sonnailles. Les musiciens chantent tout en s’accompagnant sur leurs instruments.
Version schématisée : c'est un musicien "chevronné", auquel il a été demandé, sans autre consigne, de "chanter le chant" après qu'il eût écouter l'incipit de la version en situation. Cette version ne constitue pas un modèle unique.
Version en situation, enregistrée à Lataha, auprès de l'orchestre bolonyen de ce village jouant pour les funérailles d'une femme âgée. Le chant suit une progression, dénommée "forme-relai". Les harpistes-chanteurs interviennent par couples successifs, chaque exécutant étant d'abord second avant d'être à son tour leader. Chaque couple exécute la série (complète ou pas) des unités mélodiques apparaissant dans la version schématisée, avant de passer la parole au couple suivant. Une démarcation est opérée, entre 2 couples par un épisode en "parlé-chanté", de rythme libre, dénommé bolozyeere. Le chant est la plupart du temps de forme alternée, mais par endroit les 2 membres du couple chantent simultanément - notamment lorsque l'unité mélodique adopte la forme couplet-refrain. Répétitions des unités un nombre de fois variable.
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Selaf [Langues et Civilisations à Tradition Orale], Paris, France
Item : Chant Sénoufo _05
