Chine: Ka-lé, la cérémonie du bonheur, musique des marionnettes à fils de Quanzhou (Fujian)
Original title / translation
China: Ka-lé, the festival of happiness, music of the Quanzhou string puppets (Fujian)
Depositor / contributor
Picard, François
Document status
Published
Description
[Informations extraites du livret du disque, texte de François Picard ] :
Le ka-lé, musique des marionnettes à fils de Quanzhou (Fujian)
A Quanzhou, le terme qui dénomme les marionnettes à fils, ka-lé (mandarin kuilei), s'écrit également "cérémonie du bonheur" (ka-lé, mandarin jiali), terme que l'on trouve parmi les divertissements en usage à la cour des Han et qui désigne plus couramment les fêtes nuptiales. La musique utilisée pour les marionnettes à fils est dite "airs de la cérémonie du bonheur" (Jiali [ka-lé] qu).
La ville de Quanzhou
Au Sud de la Chine, la ville de Quanzhou garde le lointain souvenir du temps où, sous le nom de Zaytoun (en mandarin Citong, "l'olivier"), elle voyait Marco Polo embarquer pour son voyage de retour vers l'Occident. Alors un des plus grands ports du monde, cette ville cosmopolite accueillait bouddhistes et musulmans, marchands venus d'Asie centrale ou d'Inde, de la péninsule Arabique ou vénitiens. La mer s'est ensuite retirée au profit de Xiamen (Amoy) et Quanzhou re fermée sur une culture locale, une des plus hautes de Chine. Protégée par l'hermétisme de sa langue, le minnanhua ou Hokkien, incompréhensible aux habitants du nord de la province comme aux voisins méridionaux de Canton, elle a cependant essaimé son art de vivre à Taiwan et dans toute la diaspora, à Singapour, en Malaisie, au gré des vagues successives d'émigration suscitées par la faim et le dynamisme marchant. Berceau de l'art des ballades Nanyin, où la voix hautement sophistiquée se marie au son des luths, de la flûte et de la vièle, Quanzhou conserve dans nombre de ses arts et de ses légendes des traditions ailleurs perdues que l'on peut faire remonter - en partie - à l'époque des Tang, apogée de la Route de la soie, traditions maintenues intactes, sinon immobiles.
La troupe
La figure centrale de la troupe dirigée par Wang Jingxian est son maitre de marionnettes, Huang Yique, né en 1928. Il commence son apprentissage dès l'âge de treize ans puis, de 1941 à 1947, participe à l'aventure de la troupe traditionnelle et associative de maitre Chen Tian'en. A la fondation en 1952 de la Troupe de marionnettes à fils de la ville de Quanzhou (Quanzhou muou jutuan) il en devient le principal acteur - ce terme est utilisé plutôt que celui de manipulateur, trop limitatif. A la fois innovateur et gardien fidèle de la tradition, interprète et librettiste, il a acquis au long de ses cinquante années de pratique un renommée sans équivalent, conduisant sa troupe dans des tournées tant nationales qu'internationales, du Japon à l'Europe. Mais la troupe n'a pas oublié ses racines sociales, populaires et demeure un élément essentiel des fêtes patronales, jouant toujours sur le parvis de temples pour les spectateurs et pour les dieux, pour la communauté. Elle a ainsi son siège et sa scène permanente au sein du temple Tianhou gong dédié à Mazu, la patronne des marins.
L'orchestre comprend deux maitres tambours, qui se relaient selon les pièces. Xu Ruilian, né en 1948, représente légitimement l'héritage, tandis que l'on pourrait croire le jeune Chen Zhijie, né en 1964, donc formé essentiellement après la Révolution Culturelle, représentatif d'une tendance moderne, simplement professionnelle, si l'on ne savait qu'il a appris son art d'un maitre taoïste... et si on ne l'écoutait pas . En voici la formation telle qu'elle fut enregistrée en 1995.
Xu Ruilian, maitre tambour : tambour "du Sud" nangu , grand tambour et tambour de bois mugu (1-16)
Chen Zhijie : gongs, cymbales et autre petites percussions (1-16)
Huang Guanghuang : vièle erxian (1/2/4/6/7/8/9/10/12), petit hautbois aizi 51/3/4/6/7/8/9/10/14), grand hautbois da ai (15/16)
Huang Jinheng : luth pipa (1-14), vièle zhonghu (7), grand hautbois da ai (15/16)
Lin Jiacai : vièle erhu (1-14)
Gu Yuzhu : voix (2)
Chen Yinghong : voix (4)
Lin Wenrong, Wang Jiansheng, Xia Rongfeng : voix (7)
Enregistrements : Forum Meyrin, Genève, le 23 novembre 1995 (1-16); Luoji, Fujian, le 15 novembre 1994 (17-19).
Prise de son : Errol Maibach (1-16), François Picard (17-19).
Texte de présentation : François Picard.
Traduction anglaise : Isabelle Schulte-Tenckhoff.
Coordinatrice et interprète : Tian Wei.
Montage digital : Christian Oestreicher, Mega Wave Studio, Genève.
Photographies : G. Delahaye.
Producteur associé : Titane spectacles, le Jardin des Poiriers.
Ce disque fait partie dans la collection "Archives internationales de musique populaire" du Musée d'ethnographie de Genève.
1 San xian qiaom 3'36"
2 ruolan xing 7'49"
3 Zhengman / Qian qiu sui / Jiang shui ling 8'29"
4 XIao shami xiahan 7'05"
5 Zao luo pao 3'27"
6 Bu bu jiao 2'42"
7 Rucheng 11'25"
8 Ganzhou ge 2'53"
9 Yifeng shu 2'48"
10 Baozi ling 1'29"
11 Erzi jin 3'00"
12 Ban jiang tai 2'36"
13 Xihu liu 2'09"
14 Tia long men 1'41"
15 Xi di jin 3'04"
16 Hong jia chui 2'13"
17 Da chu su 1'30"
18 Qing xishen 2'18"
19 Luo li lian 1'38"