On a découpé cet épisode dans une longue suite de cérémonies, qui s'étend (préliminaires compris) sur six jours pleins : de jeudi à mardi. Nous sommes au matin du quatrième, premier des noces mêmes (dimanche), dans la maison de la mariée, dont le cortège s'apprête à rejoindre, devant l'église celui du marié. En guise de marche nuptiale, les violoneux râclent, au milieu des acclamations, l'hymne patriotique plus que centenaire "Réveille-toi, Roumain", agrémenté d'aigres harmonies : on y reconnaît d'emblée un cliché, dont Idelsohn a pris la peine de confronter les avatars, de la "Moldava" de Smetana à l'Hatikva sionniste :
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Près du seuil, tout le monde s'arrête, face au Levant. Par la voix de son porte-parole, la future épouse, couronnée de fleurs et les yeux pleins de "larmes de feu", supplie tour à tour, ses parents et les compagnons de ses jeunes années de lui rendre sa liberté afin qu'elle puisse suivre l'époux que Dieu lui destine. Et soudain, les demoiselles d'honneur entonnent le "chant de la mariée", qui la conduira jusqu'au parvis. Instant solennel : abandon sans retour du foyer paternel, séparation d'un passé d'insouciance, départ vers un avenir incertain, que le cruel épithalame se plaît à peindre dans les couleurs les plus sombres. La bienséance rustique, en Roumanie comme ailleurs, exige que la victime s'achemine vers sa nouvelle vie en donnant des signes visibles d'affliction. "C'est alors qu'elle pleure, disait une paysanne, il faut voir comme elle pleure".
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Source : livret accompagnant les disques édités par le Musée de l'Homme en 1949, rédigé par C. Brailoïu.
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Département d'ethnologie musicale, Musée de l'Homme, Paris
Item : Scène nuptiale 003_Face A
